L’autobus à Montréal

L’autobus à Montréal

Ici on voyage à angle droit, toutes les rues parallèles entre elles rejoignent dans une parfaite symétrie une rue parfaitement perpendiculaire. J’avais pris mes repères : un panneau (un peu trop discret pour les non-initiés) signale un arrêt d’autobus toutes les 2 rues : facile ! Comme l’appart est dans une rue entre 2 arrêts, j’ai le choix entre attendre devant le Couche-Tard ou patienter devant le clocher de l’église (oui, le clocher est « posé » sur le trottoir et l’église est derrière lui –le constructeur avait peut-être le vertige). Pour info je choisis le Couche-Tard (allez savoir pourquoi).

L’autobus bleu et blanc arrive, les portes avant et arrière s’ouvrent, rien que du très normal me direz-vous, soit, mais où ça diffère de ce qui se pratique dans mon ailleurs quotidien c’est qu’ici on est d i s c i p l i n é ! Et discipliné ici ça veut dire respectueux des autres, patient et cordial, ni trop, ni trop peu, juste bien.
1 : on laisse les gens descendre du bus
2 : on monte uniquement par la porte avant
3 : on monte sans bousculade. Il faut dire que les gens se rangent les uns à côté des autres, sur une file, en attendant le bus, il ne viendrait à personne l’idée de resquiller (ou bien alors ce serait involontaire comme j’ai failli le faire !).
4 : on présente systématiquement sa carte d’abonnement au chauffeur ou son ticket ou bien on glisse le montant exact du trajet dans l’emplacement réservé à cet usage (on ne paie pas au chauffeur).
5 : on avance jusqu’au fond du bus pour permettre une meilleure circulation dans le couloir
6 : on laisse spontanément sa place aux personnes pour qui la station debout est pénible ou avec des enfants
Que de surprises pour moi qui suis habituée à une autre conception de la vie en communauté toujours dans cet ailleurs quotidien :
Le bus arrive, on se précipite pour monter en bousculant ceux qui veulent descendre. On doit monter par l’avant mais c’est tellement plus exaltant de ne pas respecter les consignes et de monter par l’arrière. On doit présenter sa carte ou badger mais c’est tellement plus drôle de passer les mains dans les poches (et sans dire bonjour bien entendu). Et puis le fond du bus est bien trop loin, autant rester devant, on empêche les gens d’avancer mais aucune importance, je suis bien là, je reste. Quant à laisser spontanément sa place, c’est une autre histoire, on préfère souvent faire sembler de lire ou dormir pour ne surtout pas voir celle ou celui qui aimerait bien pouvoir s’assoir…

Je suis donc montée dans l’autobus et je m’amuse à voir vivre cette petite communauté de voyageurs : l’occupation principale (avec parfois celle de lire son journal ou celle de manger) est de parler à son proche voisin, ça fait passer le temps ! C’est incroyable comme on est bavard dans les bus montréalais ! En fait les gens parlent plutôt fort naturellement (ça doit venir du fait que l’on ouvre grand la bouche) et le plus naturellement du monde il arrive que plusieurs personnes qui ne se connaissent pas participent à la conversation. Dans mon ailleurs quotidien lorsque quelqu’un essaie de parler c’est plutôt du genre « Euh, tu ne pourrais pas me laisser tranquille stp ? » marmonné mentalement bien sûr en même temps qu’un vague sourire signifie « je n’ai rien à vous dire, fin de la conversation ».

On m’avait dit « Entre la 27e et le métro il y a environ 35 à 40 mn de trajet » mais comme on s’arrête toutes les 2 rues et ne connaissant pas les lieux, j’ai demandé au chauffeur s’il pouvait me prévenir (les arrêts ne sont pas annoncés, ce qui parait logique vu la fréquence ; tout à coup une voix tonitruante se fait entendre « métro Beaubien »… Les gens sont à peine surpris et moi je suis ravie ! Les prochaines fois je ferai comme tout le monde : je tirerai sur le fil jaune qui court tout le long des vitres pour demander l’arrêt. Je trouve ça rigolo d’ailleurs, on croirait un fil pour étendre le linge.

J’emprunte souvent cette ligne, et d’autres aussi, avec toujours le même plaisir. Bien sûr à certaines heures le bus est bondé, bien sûr la circulation est quelquefois ralentie, mais ici on ne râle pas si on est trop serré ou si le bus avance lentement, on continue à lire son journal, à manger ou à parler avec son voisin. Une vie cool en autobus, tout simplement.

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