Ré la belle

Ré la belle

Les jours de mai sont déjà chauds.
Je traverse le village, les volets verts des maisons blanches de La Couarde s’ouvrent sur le soleil. Juste quelques flâneurs dans le matin.
J’avance sur le chemin qui se faufile entre les pins, je suis pieds nus comme toujours ici, j’aime le contact doux du sable qui file sous les pas, je grimpe la dune où les oyats et les chatons dodelinent sous le souffle léger du vent.
Je suis sur la plage, l’océan est lisse, à peine quelques ondulations qui se voudraient vagues et qui ne sont que murmures. Calme, repos, silence… Bonheur tout simple.
C’est mon printemps à l’Ile de Ré.

Les jours de février sont lumineux.
Près de mon port préféré, La Flotte j’ai nommé, je me suis laissée réchauffer par les rayons lumineux du froid soleil d’hiver.
Les oiseaux s’étranglent à vouloir réveiller les venelles endormies. Patientez les amis, c’est encore la saison où les volets verts des maisons blanches restent fermés. La saison idéale pour profiter des villages où l’on ne croise que les gens d’ici.
Je marche maintenant sur le sentier qui paresse le long de la plage en galets, je vais vers le Fort La Prée, ô mes souvenirs d’enfance… Le ciel immensément bleu s’amuse avec les vagues et le vent joyeux disperse les senteurs des algues. Et puis ailleurs encore, il est bien doux de marcher sur la longue plage alors que le phare des Baleines dessine l’horizon et que le soleil joue à cache cache avec les pommes de pin.
Dans les marais de Loix les bernaches du Canada préparent pour leur prochain envol leurs ailes engourdies tandis qu’un café des Portes que je snobe certains mois me propose un délicieux café accompagné d’un caramel au beurre salé.
C’est mon hiver à l’Ile de Ré.

Bien sûr les étés ici sont insupportables, trop de monde, trop de tout. Bien sûr les petits enfants en bleu-marine et blanc papillonnent dans certains villages qui se la jouent frimeurs. Bien sûr il est de bon ton de lire son journal –le Phare de Ré of course- et boire son café aux terrasses ombragées de ces mêmes villages pour être vu et voir. Bien sûr les restaurants de ces villages ne servent pas des saucisses frites. Bien sûr les pistes cyclables ressemblent plus aux rues de Bangkok qu’à une promenade tranquille et bucolique. Bien sûr dans certains ports les yachts rivalisent de frime. Bien sûr, bien sûr…

Seulement voilà, cette ile aux maisons blanches et volets verts, cette ile aux venelles colorées par les roses trémières, cette ile aux chemins cachés sous les pins, cette ile aux pommes de terre au goût salé et au rosé des dunes léger et parfumé, cette ile à la lumière unique, cette ile aux vents qui chassent les nuages, cette ile longue et fine aux contours alanguis, cette ile voyez-vous, c’est tout cela qui fait d’elle Ré la Belle et rien ni personne ne pourra jamais m’empêcher de l’écrire bien fort.

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