Ici et là

Ici et là

Quand les volets verts de la maison blanche sont clos
Quand le soleil frileux fane les fleurs
Quand le vent capricieux bouscule les feuilles rouillées
C’est mon ile adoREe qui s’abandonne au silence
De l’automne qui s’en vient…

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Ste Rose du Nord. Toute la journée les pêcheurs ont installé leurs cabanes sur le Saguenay gelé. C’était un va et vient incessant de remorques, de motos-neige et de tracteurs.

Chacun connaissait son emplacement, une cabane rouge ici, une jaune là, celle-ci plus loin, la bleue juste à côté, etc. etc. Des voix puissantes et des rires qui résonnaient, des moteurs qui rugissaient, les hommes et les machines s’en donnaient à coeur joie.

Le soleil -vous savez, celui qui fait semblant de réchauffer lorsqu’il fait -25°, seulement semblant mais que ça fait du bien- a décliné derrière les montagnes. L’homme, confortablement emmitouflé de la tête aux pieds, s’est arrêté longuement pour admirer ce paysage qui de blanc était passé à multicolore en quelques heures.

Un peu plus loin, près des cabanes, c’était l’heure de souffler. Les machines se sont tues et les pêcheurs se sont installés pour boire un bon coup et sans aucun doute parler de demain ! Ce sera le premier jour autorisé pour la pêche blanche, c’est du sérieux !

A quoi pensait l’homme devant cette joie de vivre, face à ce paysage de fin de jour frileux de janvier ? Qu’a-t-il dit à ces 2 enfants qui n’ont pas attendu demain et qui, allongés sur la glace, voudraient bien que leurs lignes bougent dans le trou qu’ils ont percé ? Je ne sais pas, mais il souriait et ça se voyait : il était heureux.

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C’était un jour de brume
Un jour comme aime l’Aubrac
Se cacher coquinement
Pour juste se laisser entrevoir
Puis s’évanouir encore
Et soudain dans un éclat de soleil
Dévoiler ses rondeurs rousses et dorées
Un toit de lauze dans le creux d’un vallon
Dans le pré des fleurs et des vaches alanguies
Un mur en rocaille sur le bord d’une colline
Un lac perdu dans les fils d’un nuage
Et puis il y avait la route
Celle qui s’en allait dans la brume…
Alors je partais en voyage

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Il fait si chaud… Et ce sentier, qui grimpe, qui grimpe entre la rocaille et les pins rabougris, mais quand donc en verrons-nous le bout ? Et le verrons-nous d’ailleurs ? On ne sait même pas où il nous emmène, on s’en fiche, on avance jusqu’à la prochaine ombre que dessine une branche puis on repart vers la suivante… C’est l’été en Occitanie.

Nous croisons un troupeau de chèvres. Curieuses et pas pressées les biquettes. Le chevrier les siffle et le chien se démène pour les remettre sur leur chemin. Alors que les dociles obéissent et avancent, nous faisons un brin de causette avec les chipies curieuses et pas pressées. La voix autoritaire du chevrier mettra fin à cet intermède.

Pause abricots-pêches achetés plus tôt dans la vallée. Que peut-il y avoir de plus délicieux que savourer ces merveilles juteuses et parfumées dans l’ombre d’un chêne et sous le chant des cigales ? Les pieds prennent l’air, le chapeau est enlevé, le cœur reprend son rythme de croisière et les yeux se reposent. Quel bonheur alors de paresser et croquer dans les fruits pour se rassasier des senteurs et des saveurs d’été.

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A Trouville, les mouettes crieuses rient à ailes déployées en éclaboussant le soleil.  Elles virevoltent de gourmandise dans le sillage des bateaux de pêcheurs qui rentrent au port.

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Quand les nuages s’installent entre gris clair et gris foncé
Quand le vent se faufile à travers les ruelles silencieuses
Quand les vélos sont rangés et que les volets verts sont fermés
Quand les maisons aux murs blancs sont closes
Quand les pins s’enivrent des dernières senteurs d’été
Quand les passeroses se parent de rouille
Quand les vagues frileuses se languissent sur le sable
Quand les matins se cachent dans des fils de brume
C’est l’automne sur mon île
Mon île qui se laisse alors cajoler par cette lumière à nulle autre pareille qui fait d’elle la plus jolie et la plus douce des îles.

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à suivre…

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